Description
« …Le baker ne passe plus le mercredi et quand Françoise m’apporte du pain, je le mets à la cave dans le congélateur… Demain, je vais à Forbach avec Joseph. Ils veulent m’acheter un aspirateur pour mon anniversaire. Mais pourquoi ils veulent aller au Cora, j’ai vu des promotions chez Aldi de l’autre côté*. Faut que je retrouve la réclame. »
A.Zimmer
Agnès Zimmer est née le 29 janvier 1921 à Folkling, en Moselle, France. Ses parents étaient nés à la fin du siècle précédent, à Folkling, en Allemagne. A la maison, elle parlait la langue de ses parents, l’allemand. A l’école, elle parlait la langue du pays, le français. Un jour de 1940, la frontière s’est encore déplacée : on écrit en gothique. Quatre ans plus tard, la défaite allemande rend la Moselle à la France. Si aujourd’hui, Agnès regarde les chaînes allemandes à la télé, elle dresse la liste des courses en français.
Région minière à la frontière versatile, la Moselle a engendré des enfants besogneux qui prennent le travail où il est, d’un côté ou de l’autre. Entre guerres et mines s’est installé un climat dicté par un quotidien de labeur. Après une vie passée au champ avec un mari mineur, Agnès se retrouve seule dans sa grande maison carrée de Folkling où les meubles n’ont pas bougé depuis 30 ans. Ses journées se passent entre programmes télévisés et ennui, comme si l’Histoire de la région s’était greffée en elle comme en beaucoup de personnes de sa génération.
A travers ces images, j’ai tenté de rendre compte de l’atmosphère de cette région limitrophe en m’attachant au quotidien de ma grand-mère, isolée chez elle avec ses souvenirs et ses fantômes qui passent au travers des murs et peut-être encore de la frontière.
Ce travail propose un voyage intérieur, à travers les paysages intimes d’un quotidien. L’assemblage de certaines photos démultiplie les possibilités d’interprétation et la lecture de ce travail oblige le spectateur à s’approprier les éléments d’un puzzle, à construire une géographie mentale.
L. Dejente
* En Allemagne.
A.Zimmer
Agnès Zimmer est née le 29 janvier 1921 à Folkling, en Moselle, France. Ses parents étaient nés à la fin du siècle précédent, à Folkling, en Allemagne. A la maison, elle parlait la langue de ses parents, l’allemand. A l’école, elle parlait la langue du pays, le français. Un jour de 1940, la frontière s’est encore déplacée : on écrit en gothique. Quatre ans plus tard, la défaite allemande rend la Moselle à la France. Si aujourd’hui, Agnès regarde les chaînes allemandes à la télé, elle dresse la liste des courses en français.
Région minière à la frontière versatile, la Moselle a engendré des enfants besogneux qui prennent le travail où il est, d’un côté ou de l’autre. Entre guerres et mines s’est installé un climat dicté par un quotidien de labeur. Après une vie passée au champ avec un mari mineur, Agnès se retrouve seule dans sa grande maison carrée de Folkling où les meubles n’ont pas bougé depuis 30 ans. Ses journées se passent entre programmes télévisés et ennui, comme si l’Histoire de la région s’était greffée en elle comme en beaucoup de personnes de sa génération.
A travers ces images, j’ai tenté de rendre compte de l’atmosphère de cette région limitrophe en m’attachant au quotidien de ma grand-mère, isolée chez elle avec ses souvenirs et ses fantômes qui passent au travers des murs et peut-être encore de la frontière.
Ce travail propose un voyage intérieur, à travers les paysages intimes d’un quotidien. L’assemblage de certaines photos démultiplie les possibilités d’interprétation et la lecture de ce travail oblige le spectateur à s’approprier les éléments d’un puzzle, à construire une géographie mentale.
L. Dejente
* En Allemagne.