La nationale était souvent humide comme le coin de mouchoir de ma tante, et la route, interminable, tout comme la promesse du baiser piquant de mémé, ne faisait qu’accroître l’ennui de ce voyage. Les maisons au loin ressemblaient à des moutons flottants, colorés de paille et couverts de rouille, les camions blancs et bâchés venaient d’Espagne, et les ponts bétonnés marquaient le temps, donnant de l’ombre à chaque passage du véhicule. Les restaurants étaient souvent fermés mais ca ne faisait rien, mon frère et moi avions la glacière orange entre nous. Ce frigo plastique à l’immense poignée chromée était comme une frontière, une sorte de montagne carrée pour nous séparer et nous délimiter dans nos territoires respectifs. Ce temple sacré dont nous avions perdu la clé et qui n’en avait pas d’ailleurs au grand dame de mon père, ce sanctuaire à sandwich, sentait l’œuf écrasé et la banane avancée. Cet écrin sans mystère était synonyme de halte autoroutière, de pause pipi et de déjeuner sur l’herbe… Courbés sur nous même, invoquant les dieux du gazole – nous vénérions sans limite les stations services et leur inépuisable magot : jouets idiots, chiens en peluche, machine à café potage tomate, tirette surprise […] Read More
Le manège est carrousel, millésimé 1900. La direction en est tenue par Mr. Baudu, c’est écrit En toute lettre d’or sur sang en dessous des quatre chiffres. Le manège est rose, couleur meringue. Telle une grosse pâtisserie Autrichienne que ceinture une Enorme bâche verte en plastique tressé, harnaché par une armée De sandows bleus, comme des tentacules De portes jarretelles aux crochets centenaires. Le carrousel fagoté comme une « professionnelle » D’un autre siècle a pu passer sa nuit Sur la place du village sans éveiller la curiosité Des noctambules avinés. Au sommet, un cheval cabré. La croupe est blanche lait caillé Rouge coagulé pour la selle en cuir tanné. Le cheval a les yeux grands tout vert Exorbité, come effrayé par sa hauteur Et prit d’un vertige à sabot. Il a ce sourire étrange de la gente équidée Qui ne rougit pas de découvrir sa gueule Pleine de dents jaunes, rangées Les unes contre les autres Comme des mégots de maïs Dans leur boîte en fer Ah ! Ces chicots luisants Arqués par douze Dans l’antichambre à ciel ouvert de l’enfer hippique Me donnent le frisson glacé et m’interdisent A jamais de prendre un jeton Pour aller m’étourdir Dans les bras de […] Read More
Indigène gauche prend le sabre sur l’étagère à miel ton sourire assorti de renard tend la joue à ton fleuve Oud escapade dans le marais de mes excuses un silence sourd agrume le rideau de ces jours Iris ou Saturne au choix biseauté la forêt sort les bousiers de leur écorce et révèle un trottoir au moelleux d’arrondissement noble Read More
La mandarine brulée dans tes bottes et des lièvres en haut des fjords Sur des pistes noires et des lacs craqués de coriandre Ton avant bras se consume de roses antiques pleines de cuir O, l’iris fourbe , ta chaleur cèdre à mon zèbre Et le bois sabre tant qu’il santal A ras bord de castors amoureux Read More
Quand l’araignée traverse la forêt La clef à son cou Et salut le Merle à plastron et le Grand tétras Résonne au conduit d’ Al Capone Les chevaux de la Meuse Dépouillés de chapeaux inutiles Tel un chancre ductile Aux abois de la sylve 2010 Read More
Sur la digue du Break, face à la mer, la centrale derrière, Au devant, l’eau verte, et dans le poing, défiant nul réalité, un Sancerre. Pour sortir du break, prenez la première portière à droite, suivez la boite à Gand, et sautez Dans le feuilleté chocolaté du dimanche, à mille pas, osez un rêve, Puis après , fermez la malle, et la clé, oubliez là, sur le pont; encore sauter, quelques Secondes écarquillées, saoulot, retenez l’air un peu, la bulle, écarlate oxygène, air encore, Retenir … Là, oui , lâcher prise, et voir le lièvre revenir, puis Ottoman seul, arrive ici, las, Non loin du lavomatic à pensées, le seul à donner, All inclusing, les restes et les larmes Du déjeuner sur l’herbe… il y a 2 sangliers, un crapaud, ses frères et sa rancune, seuls et Sans cadeaux, la feuille est de mise, comme le boucher fier de son métal, Un billet roulé dans la poche à tabac, pelouse verte et militaire amidonné, c’est dimanche sur Le green… A plat les aristos, les cotes de bœuf écœurent les Suédois, et les abats tombent, ainsi bas, Soient ils aux cieux montrant du doigt, le seul astre désert, et pour moi […] Read More