Le manège est carrousel, millésimé 1900.
La direction en est tenue par Mr. Baudu, c’est écrit
En toute lettre d’or sur sang en dessous des quatre chiffres.
Le manège est rose, couleur meringue.
Telle une grosse pâtisserie Autrichienne que ceinture une
Enorme bâche verte en plastique tressé, harnaché par une armée
De sandows bleus, comme des tentacules
De portes jarretelles aux crochets centenaires.
Le carrousel fagoté comme une « professionnelle »
D’un autre siècle a pu passer sa nuit
Sur la place du village sans éveiller la curiosité
Des noctambules avinés.
Au sommet, un cheval cabré.
La croupe est blanche lait caillé
Rouge coagulé pour la selle en cuir tanné.
Le cheval a les yeux grands tout vert
Exorbité, come effrayé par sa hauteur
Et prit d’un vertige à sabot.
Il a ce sourire étrange de la gente équidée
Qui ne rougit pas de découvrir sa gueule
Pleine de dents jaunes, rangées
Les unes contre les autres
Comme des mégots de maïs
Dans leur boîte en fer
Ah ! Ces chicots luisants
Arqués par douze
Dans l’antichambre à ciel ouvert de l’enfer hippique
Me donnent le frisson glacé et m’interdisent
A jamais de prendre un jeton
Pour aller m’étourdir
Dans les bras de Mme Baudu.
Loix, île de Ré. 25/06/2008
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